Nous aimons les puzzles Sindbad

mardi 27 mai 2008

Sa vie

Ombelles d’alliums qui fondent sous les draps
Ventre humide qu’on imagine de miel
Pour d’immenses champs d’hellébores
Qu’elle brûle habillée de bulbes

Cette femme que j’espérais glacée
Trempe son vin léger de feuilles grillées

Son tissu décoratif aux odeurs de falaises
Se fane dans d’immenses cryptes sacrées
Où se balancent des prêles mortelles

C’est sa vie

Sans souci du désir des ombres
Sans songer à plaire aux hommes
Désertée par les lupins
Mais auréolée pour l’éternité

Entre deux livres vertueux sauvés d’une tempête
Qu’elle conserve dans une mousse de capucine
Ce sont ses mains qui redonnent la vie
Aux digitales endormies

Il y a longtemps que d’inoffensives chenilles
Recouvrent ses seins gourmands
Il y a longtemps qu’elle déraisonne mon sommeil
À vivre à vif couronnée de roses pures
Roussie rougie indifférente aux rêves odorants
Mais riche de mots fiévreux

et

…………
je ne l’ai
jamais
vue que
couverte
d’icônes
…………..

jeudi 22 mai 2008

mai, fin

éperon dans un demi-jour où un écho répond à l’intérieur d’une mansarde d’un bleu pur au milieu de la rocaille humifère où roses de verre et mousses s’illuminent : voici le corydalis

chapeau d’étoiles énigmatiques en courbe elliptique sorti d’un moule mécanique entre des fleurs sucrées et une hampe en plâtre d’un papillon violent à la recherche d’une chandelle ornementale : voici le lys queue-de-renard

vendredi 16 mai 2008

Sa chemise orange


Frais arbustes cachés sous des chenilles veloutées
Toujours à la même marée
Qui éteint les lampes du marronnier

Vêtement de pivoines immobiles
Foncé froissé au parfum vigoureux
Au plus près des mouches de son corset

Un à un des sagittaires qui s’échappent
Un à un des cheveux nonchalants qui s’envolent
Pour de longs instants hors de vue

Sous les plis des fritillaires que la chaleur accable
Sur les manches l’empreinte des coréopsis lumineux
Et elle offre aux hommes son passionnaire du jour

…………………..
toujours
vêtue de
fruits
…………………..

lundi 12 mai 2008

mai, milieu

tantôt curieuse sur un muret
tantôt coquine sur un tapis
teintée de pourpre
tintant ses clochettes à qui veut bien l'entendre : voici la campanule

léger à l'oreille
élégant dans son élément
mille bruits dans ses fleurs sans cesse identiques
sans cesse désintéressées contrairement aux fritillaires : voici le myosotis

samedi 10 mai 2008

mai, début

pluie d'or
grappes suffocantes de citron chaud
alliance rapide d'un chrysope et d'un frelon
lambeaux de peaux à l'odeur d'un lézard à l'aurore : voici le cytise

colorée de sang mauve
pareille à une nymphe transparente ou à une colérique gorgone
capable de grimper à la tête
capable de tordre un bras valide
mais généreuse de parfum capiteux pour celui qui passe à proximité : voici la glycine

mardi 6 mai 2008

Sa coiffure

L’éclat d’un sourire en myrtille qui tache mon doigt
S’évanouit parmi des odeurs d’acajou
Fondues sur une coquille de papier

Et c’est le temps qui s’ouvre sur sa chair légère
Et c’est la poudre chaude avant un bain de roses
Un rideau d’azur un îlot d’étain
Un navire sur un cheveu qui retrouve son éclair
Et qui va de ruche en ruche découper un fruit

Loin des cendres
Ravagées de feuilles émiettées
Loin des lampes
Coiffées de foudre délicate

et le sang sur son visage
et la glace sur mes yeux

.........................
ravivent tout
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vendredi 2 mai 2008

Soizic à Brest


Sur un coquillier rouge rempli d'agapanthes
Le long d'une rade illuminée d'insectes
Voici ses doigts clairs couvert d'abeilles

Et sur un gréement accroché à un orage glacé
Sa chair semble attachée à des oiseaux enflammés

Une mer qui entre en ville et qui multiplie sa voix
Qui brise un tonnerre au sommeil léger
Plus qu'un regard de porcelaine un visage qui écorche
Et des cheveux tenus par un phare

Fuyante à jamais née d'une rafale de vent dépouillé
Née dans la paume d'une vague sans rivage
Ici un jardin de bruyères sous un moulin à marées
Là un pont suspendu sur des berges de dentelles
Montagnes noires au grand air marin
Sa tête que de longs bambous inondent
Ses mains de noisettes gantées de granit

m'ont affolé le jour où je l'ai vue

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en souvenir de ses yeux grésillants de feu
en souvenir des bateaux accrochés à son cou
un matin au quartier saint-martin
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